Après le numéro Jean Mermoz, notre première participation, Aménophis décide une numéro 17-18 Spécial Nourriture présenté lors d'une fête aux Halles de Schaerbeek.
La rogneuse de Robert Kayser
Après l’héroïsme, Aménophis devient plus prosaïque. Il s’est tourné vers « un spécial nourriture ». En préambule, pour la fabrication du numéro, Robert fabrique une rogneuse, une construction bien à lui. Une lame trouvée, nous ne savions où, est transportée par Marie-Claire dans un papier de journal. Nous étions effrayés de cet exploit. Des pieux métalliques de jardin, la machine était faite de matériaux imprévisibles. Une pierre lithographique équilibrait le poids de la lame qui s’abattait sur la pile de papier à rogner. En préambule, le vernissage de la rogneuse
En préambule de la réalisation du numéro 17-18, nous devions nous assurer du bon fonctionnement de la machine de Robert. Nous organisons une fête de vernissage de la rogneuse. D’abord, mise à l’épreuve du papier sur un texte de Marie-Claire où on lit « infini » au dessus de deux seins dessinés. Ensuite, sur une autre page du numéro, une silhouette féminine (Anne) se détache dans une chapelle abandonnée photographiée par Jean-Louis. Après l’épreuve réussie du papier, il fallait passer au projet festif et tendre, le massicotage du saucisson. Les tests du dispositif s’étaient révélés tout à fait concluants, Jean-Louis a donc enregistré par l’image l’exploit de la machine de Robert. Elle fera la couverture du numéro 17-18 « Spécial nourriture ».
Notre participation au numéro, couverture, pissenlit, chapelle, Documenta 6
Cette mise en bouche nous avait introduit à l’organisation de la fête aux Halles de Schaebeek. Circuits courts, nous avons mis la table autour d’un pissenlit, en état de nature. La sérigraphie sera exposée dans les petites Halles. Avec d’ailleurs, l’image de la Chapelle « Ceci est mon corps mangez ». Nourritures, nous (AVN & JLC) nous sommes rappelés le repas d’Anne à Documenta 6. Il avait été fixé par une séquence photographique dans ce cadre artistique de référence. Elle devient une planche d’Aménophis n° 17-18 et une sérigraphie « Chercher son identité à D6 en mangeant un hambourgeois ».
Préparation de la fête des Halles
L’équipe prépare la fête des Halles le 25 avril 1979, chez nous avenue Walckiers 47.
Sachets de survie, la plastification
Anne s’était entrainée à la plastification lors de la réalisation du programme du spectacle Burroughs du Plan K avec Jean-Pierre Point et Michel Nobels. Elle a transposé cette compétence aux sachets de survie distribués à l’entrée de la fête le 10 mai 1979, des sachets de grains de raisin, avec un morceau de sucre et des noisettes.
La monnaie BankHalles
Aménophis a crée une monnaie parallèle pour l’occasion la BankHalle. L’occasion de définir nos rôles respectifs, à savoir, la trésorière MCG, le téléphoniste JLC, la mère supérieure AVN, le balayeur RK et le pouvoir provisoire JMP.
Jacques Calonne
Anne invite Jacques Calonne à venir sur la scène des petites Halles en fin de soirée. Le programme du spectacle de 18h à 26h déjà chargé est complété par l’intervention de Jacques en tenor mondain au piano. Il chantera des textes et mélodies du XIXe siècle , « La fourmi », « l’amour est un enfant trompeur » et « Fuis le démon aux yeux d’azur ». Jacques Calonne accompagnera dorénavant Aménophis dans ses manifestations.
Préparation des Halles
Marie-Claire prépare les grandes Halles qu’elle nettoie avec un très grand balai avant notre installation. Jean-Louis photographie. Préparer la nourriture Pour affronter l’importance de l’événement, Jean-Louis a invité Dagmar Kroebel, une étudiante à nous rejoindre. Dagmar étudiait la médecine, mais surtout, elle nous avait fait partager sa passion pour la cuisine. Nous avions pu vérifier semaine après semaine son talent. Elle l’avait développé à l’occasion de stages dans les plus grands restaurants de France.
Buffets bariolés
Anne était revenue de Californie avec des colorants alimentaires. Passer de la couleur des peintures, des sérigraphies à la couleur de la nourriture semblait nécessaire. Nous avons préparé du lait turquoise, du gros bleu, du vin blanc coloré bleu, de la gelée verte, de la gelée à l’eau de Vichy, du fromage blanc tricolore. L’ingestion de ces mets du buffet bariolé donnait droit à un certificat d’« Aménophis produits chimiques ». Nous avons retrouvé le certificat dans une séquence du film de Chantat Ackerman « Toute une nuit ». En plus, de la soupe à l’oignon, des rognons à la crème, du bœuf Stroganov, des saucisses au poivre verts grillées sur un camping gaz. Bien nécessaire était cette contribution de Dagmar et d’autres, lorsqu’Aménophis eu pesés environ 800 participants. Le prix de l’entrée à la fête dépendait du poids de la personne, 1,50 FB le kilo ou au choix un forfait de 120 FB pour ceux qui voulait garder leur secret pondéral.
Traces photographiques 10 mai 1979
Nous avons assez naturellement repris notre pratique de traces photographiques des installations et d’événement. Auparavant, nous avions transformé en roman photo une pièce de Marian Pankowski « Brandon, Fourbon et Cie » donné sur la péniche La Nef des Fous de Christiane Spée par le théâtre de Fortune de Paris. Nous avions aussi photographié des activités autour de Jacques Calonne récemment publiées dans le livre « Noctuelle » aux éditions de l’Âge d’Homme. Donc pour le 10 mai 1979, après les préparatifs de la fête, nous photographions l’atmosphère générale, les installations, le nettoyage des Halles par Marie-Claire, les Bubes de Robert, les petites Halles, l’exposition et la scène, les Tueurs des la Lune de Miel, Cecile Leleu… Lors de la soirée, Anne avait trouvé un de ses élèves, Nicolas, en fan des Tueurs de la Lune de Miel qui s’adonnait au lancé de tranches de jambon sur Yvon Vromman.
Voilà donc comment nous sommes arrivés dans Aménophis avec ces numéros 16 « Jean Mermoz » et 17-18 « Spécial nourriture ».
Anne Van Nypelseer et Jean-Louis Colot, 14.12.2016
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